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Séminaire : Regards croisés sur l'observance au traitement chez les patients atteints d'un syndrome d'apnée du sommeil

Séminaire

Le 28 juin 2023

socio-sas seminar

Le 28 juin dernier s’est tenu un séminaire organisé conjointement par les laboratoires PACTE (Odenore) et HP2. Ce fut l’occasion de partager les premiers résultats du projet SOCIO-SAS, une étude transdisciplinaire visant à mieux comprendre les facteurs sociologiques impactant l’observance thérapeutique des patients atteints d’un syndrome d’apnée du sommeil. Médecins, sociologues, prestataires à domicile et biostatisticiens se sont réunis afin d’échanger et partager leurs points de vue respectifs sur les freins à l’observance au traitement et les leviers potentiels pour améliorer l’accompagnement des patients dans la prise en charge de leur pathologie.


Dans un premier temps, le Dr Renaud Tamisier, médecin pneumologue au CHU Grenoble Alpes et co-directeur du laboratoire HP2, a abordé la question sous l’angle médical. Il a tout d’abord rappelé l’efficacité avérée de la pression positive continue (PPC) pour traiter le syndrome d’apnée du sommeil : on mesure en effet un feedback positif direct sur les symptômes, pouvant être suivi quotidiennement par montre connectée. Malgré cette efficacité, on observe néanmoins une diversité de réponses au traitement, avec 20 à 30% de non-observants après 3 ans de traitement. Le docteur Tamisier a ainsi souligné l’importance de phénotyper les patients afin de mieux comprendre les modes de vie qui perturbent l’observance. In fine, cela permettrait aux médecins d’adopter une approche plus individualisée et adaptée à chaque patient.


En second lieu, Jean-Christian Borel de la société Agir à Dom a évoqué le rôle significatif des prestataires à domicile dans l’accompagnement des patients en France et les outils mobilisés pour suivre l’observance à la PPC. Ils assurent à la fois un suivi en présentiel au début de la mise en place du traitement (trois visites sont effectuées dans les quatre premiers mois) et un suivi à distance. Le télésuivi est en effet autorisé depuis 2018 et utilisé pour la majorité des patients (98% d’entre eux donnent leur accord). Cela permet notamment aujourd’hui d’alerter à distance lorsque des perturbations dans le traitement sont détectées. Cependant, ces alertes restent aujourd’hui encore difficiles à interpréter par les prestataires. L’implication des pair-aidants dans ce suivi pourrait alors être une piste intéressante.


Enfin, Héléna Revil, sociologue au sein du laboratoire PACTE et responsable scientifique de l’Odenore, a analysé la problématique de l’observance thérapeutique sous un prisme sociologique et a présenté les premiers retours des entretiens menés dans le cadre de l’étude SOCIO-SAS. Elle a notamment rappelé l’importance de s’intéresser aux facteurs personnels qui peuvent pousser les patients à arrêter leur traitement. De fait, un certain nombre d’éléments peuvent influer sur les expériences individuelles et engendrer une résistance des patients au traitement : rapport complexe à l’équipement PPC, bénéfices non médicaux, moindre ressenti du risque, etc. Par ailleurs, avec le développement des outils de monitoring, la responsabilité de la prise en charge de la maladie et du traitement repose a fortiori sur le patient et peut constituer une charge qui n’est pas toujours bien acceptée. L’amélioration de la performance technique des équipements thérapeutiques ne suffit ainsi pas toujours à encourager l’observance.


A la suite de ces interventions, une table ronde a permis d’échanger sur la valeur ajoutée de l’interdisciplinarité et de la collaboration entre experts autour de ce sujet. Certaines propositions ont été évoquées pour encourager l’observance thérapeutique : l’écourtement du délai d’obtention de consultation, l’utilisation de nouveaux capteurs Sunrise pour accélérer la prise en charge, un accompagnement médical qui prend en compte la motivation des patients, etc. La suite de l’étude SOCIO-SAS devrait apporter de nouveaux éléments de réponse aux médecins sur les pistes à suivre autour de cet enjeu clé de l’amélioration de la trajectoire de santé des patients.

 

Pour plus de détails sur la Chaire E-Santé et sur le projet SOCIO-SAS cliquez ici

Date

Le 28 juin 2023

Localisation

Complément lieu

Maison des Sciences de l'Homme-Alpes

Publié le 12 février 2024

Mis à jour le 12 mars 2024